"Je retrouve Jérémy douze heures plus tard dans l’hôtel le moins cher et le plus pourri de tout Delhi, où il ronge son frein avant de découvrir le nouveau pays qui l’attend. Nous passons trois jours à essayer de nous dire tout ce que l’on voulait, à nous transmettre toutes les émotions qu’on a partagées. Mais en même temps, à quoi bon ? Nous nous retrouverons en Suisse, des rêves plein la tête, pour pouvoir nous rappeler de tout. Je suis par contre bien incapable de profiter de la ville en elle-même. Je voudrais que cette attente puisse prendre fin, que soient terminés ces derniers jours qui s’étirent et se distordent, devenant presque agaçants à force de ne pas passer. Maintenant que j’ai vraiment accepté l’idée de rentrer, je voudrais que ce soit terminé, pouvoir mettre ce retour derrière moi. J’ai l’impression d’être coincé entre deux mondes, plus totalement ici, mais certainement pas encore là-bas, finalement quand même un peu effrayé à l’idée de revoir ma maison, de ne plus bouger tout le temps, ne plus avoir de sac à faire, de visa à demander ou encore de nouvelles personnes à rencontrer tout le temps".
Le dernier texte d’Adrien, à lire ici
"La chaleur ralentit les actions de tous, et un Indien qui, ayant eu la poliomyélite, ne pouvait plus utiliser ses jambes et marchait donc avec ses mains, ses membres inertes regroupés sous lui, que j’ai rencontré le premier jour, et qui me disait vouloir partir le lendemain pour son autre magasin à Manali, se retrouvait à me dire la même chose chaque jour, et nous le retrouvions chaque fois au stand de thé, saluant la ville entière, disant simplement qu’il avait voulu rester un jour de plus. Quel autre rythme que celui de nos envies vaut la peine d’être suivi ? Visiblement, ici, aucun".
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Au bord de la route, près de notre guesthouse, un clochard et un sadhu ayant fait vœu de silence discutent, regards et gestes. Ils m’interpellent, je m’assieds avec eux. Le mendiant, après un moment, se met à me parler de philosophie, de Nietzsche et de Camus : il a visiblement étudié à l’université. Et dire que chez nous on nous apprend encore que les études sont les garants d’une bonne carrière...
Il vit sur la plage avec les chiens errants et pour seul bien un cahier où il peut écrire. Son regard, comme ceux de tant de gens qui n’ont plus rien à espérer, a cette gravité, cette force intérieure qui ne fait que regarder les choses qui passent, prenant chaque moment comme il vient, comme la pierre qui tombe à travers l’eau, sans rien rencontrer d’obstacle, calmement, toujours plus proche du fond. Nous parlons de Herman Hesse, de Siddhartha.
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Un grand merci aux organisateurs et à ceux et celles qui se sont occupés de nous pendant cette merveilleuse soirée !
Daniel Royer
• Le grand banquet est passé. Ce fut une très grande réussite et une très grande joie de se retrouver avec ses camarades, professeurs et autres connaissances de classes parallèles, etc., après tant d’années, au moins 15 ans, depuis la dernière rencontre de volée. Merci aux bataillons d’organisateurs et de travailleurs pour le gigantissime travail fourni. Notre votée Matu 1971 scientifique a décidé de se revoir pour les 40 ans de la matu en 2011 !
• A noter : Jean Ivanovitch fait bien partie de la scientifique 1971 et non de la latine 1971 (comme mentionné dans la liste des participants).
• Pour les camarades de volée : je suis RK
• Après le banquet du 425e en 1984, et le banquet du 450e, verrons-nous un banquet du 475e en 2034 ? nous aurions alors 83-84 ans ! Espérons que cela pourra-être possible !…
Bonjour,
Bravo pour votre sensibilité dans la description de l’atmosphère d’Angkor. C’est très beau.
Dommage que vous ne connaissiez pas les Cambodgiens et projetiez sur eux vos représentations, qui les victimisent. Heureusement ils ne sont pas si passifs que cela ! Cette résignation que vous avez trouvez comme dénominateur commun englobe des jeunes dynamiques, aimant les clips romantiques, très mondialisés tout comme des personnes ayant personnellement souffert et réagi en fonction de leur culture et ressources personnelles : j’en connais beaucoup et j’ai cherché sur qui je pourrais poser le diagnostic de résigné...J’en ai trouvé, mais presque pas,beaucoup moins que chez mes contemporains helvètes : ces difficultés réelles, profondes, parfois intolérables amènent mieux à se situer dans la vie et à réagir que notre consommation généralisée
Merci de m’avoir permis de réfléchir sur ce sujet. Très cordialement Jean-Pierre
Nos très chers professeurs :
Au Collège Calvin, nous avons tous eu des professeurs qui ont marqué pour des (bonnes ou mauvaises ) raisons nos mémoires désormais vacillantes.
Nous nous bornerons à évoquer, en ces temps du ’non smoking correct’, un prof de maths qui, tout en nous laissant tirer en douce sur l’un de ses odorants boyards, nous racontait l’ épopée de première bombe A française dans le désert algérien ; on gardera aussi un souvenir adolescent et ému de ces longues quêtes à la recherche d’une ’irrealität’ à tout jamais perdue entre les yeux bleus aux reflets lapis lazuli et de la longue chevelure blonde d’une bien réelle professeur d’allemand ; on saluera encore la hardiesse vestimentaire d’un professeur d’histoire (encore en exercice aux dernières nouvelles) qui portait cravate à rayures club et costume blanc à la Joe Dassin, en un temps oú les ravages post-soixante-huitards nous obligeaient au port de l’uniforme jeans-pull en laine écrue ; comment ne pas oublier ce sosie de Michel Tournier qui nous a tant donné le goût pour l’écriture, et ce prof de philosophie dont le charme latin ne laissait pas insensible une grande partie de la gent féminine ; d’autres nous inspiraient respect mêlé de crainte, telle cette enseignante qui, dans le froid sépulcral d’un barraquement digne du Stalag 13, nous traitait de veaux- alors que nous nous essoufflions sur le rythme lénifiant d’une bourdonnante scantion. A tous et à toutes un grand merci---- Puissions nous (utinam + subj) en retrouver certains l’année prochaine !
De nos très chers professeurs (prenez ici le terme professeur tant au masculin qu’au féminin évidemment, dans notre société épicène, nous ne pouvons nous limiter à écrire au masculin), il y en a certains que nous n’oublierons jamais. En effet, il y en a certains dont nous retiendrons leur rhétorique hors du commun et leur passion d’enseigner, alors que pour d’autres nous retiendrons les interminables tirades et les heures de colle reçu ça ou là pour un soupir placé au mauvais moment. Cependant, n’est-ce pas ici le doux stress des écoliers que de s’imaginer, durant leurs deux mois de vacances estivales, quels professeurs leurs mèneront la vie dure durant l’année ? Je me souviens encore de ce jour de rentrée quand empli d’un stress nous nous dirigions vers les panneaux d’affichage et que nous découvrions dans quel galère nous allions nager cette année. Quel souffrance intense de se rendre compte que notre camarade de classe de l’année d’avant n’est plus avec nous, quelle délivrance que de voir le cancre de la classe redoubler, mais surtout quel supplice de se rendre compte que nos peurs de l’été étaient fondées. Cette nostalgie des jours de rentrée est aujourd’hui plus qu’un lointain parfum. Je me vois aujourd’hui, dans le monde du travail, parler avec les anciens Calvinistes de cette époque où nos professeurs étaient toute notre vie. Se souvient-on encore de ce professeur de Chimie, qui derrière ses lunettes, nous rappelait la loi de Boyle ou encore que la solution allait précipiter, mais "ça vous le serez en assistant au prochain cours". N’oublions pas les cours de Biologie avec ce professeur, qui derrière son masque de plongée, nous vantait les spécificités du poulpe et qui avec sa voie grave et sa cigarette nous rappelait à l’ordre lorsque nous nous égarions avec nos vélos. De nos chers doyens, nous aurons tous notre préférée ou notre préférée, mais il y en a un qui dans ma mémoire restera croché. Ce même doyen qui jamais ne laissa fermé sa porte à mes interminables complaintes. Derrière son sourire malicieux et fort sympathique, n’oubliait jamais de me rappeler que mon devoir d’élève était de passer l’année et de réussir la matu. Mon très cher doyen, n’aviez-vous pas vu que, comme le renard, ma ruse m’appelait à partir de ce collège sans ma matu ? Perché du haut de son clocher ou plutôt sous ses mansardes ancestrales, la Direction et les services sociaux attendaient impatiemment les élèves égarés ou désobéissants afin de les remettre sur le droit chemin. Que le chemin peut paraître long durant ces quatre années passées entre les 4 bâtiments et cette cour où nous voudrions nous perdre pour ne pas rentrer en classe.
De ces magnifiques années, je retiendrai et j’arborerai un joli T-Shirt au nom de ma volée et de longs et magnifiques souvenirs ternis ici ou là par des remontrances de professeurs pas très délicats.